Chapitre 1 : De l’usage du mot culture dans les services de santé mentale jeunesse
Dans ce premier chapitre, j’aborde la question de l’utilisation du mot culture dans le contexte des soins de santé mentale pour les jeunes. Je présente les résultats d’une analyse thématique et narrative du matériel discursif recueilli auprès de familles et d’intervenants en santé mentale jeunesse. Le paradigme de la sécurité culturelle a été utilisé pour explorer comment différentes opérationnalisations de la notion de culture peuvent affecter l’expérience des familles et des intervenants en matière de services. Les résultats témoignent d’une diversité de compréhensions du terme et de ses utilisations, incluant des conceptions essentialistes et des perspectives critiques décoloniales. Parfois, ces mouvements rhétoriques servent à « altériser » et à stéréotyper ou encore à détourner d’une responsabilité personnelle ; cependant, le concept de culture est également utilisé comme un outil pour mobiliser les représentations collectives afin de développer un objectif de transformation pendant le suivi clinique. Par conséquent, je considère que la culture peut être vue comme un médiateur du dialogue entre les cliniciens et les familles, soit comme un moyen de s’engager dans une rencontre dialogique authentique et d’installer un sentiment de sécurité culturelle, soit comme un moyen d’éviter ou de rejeter un tel dialogue. Ces résultats sont présentés dans le manuscrit qui suit, et ont également été exposés lors de la 39e réunion annuelle de la Society for the Study of Psychiatry and Culture (SSPC) (Johnson-Lafleur et al., 2018) pour un public de praticiens et de chercheurs, car ils donnent un aperçu de la façon dont le concept de culture est compris et utilisé dans les discours de ceux qui sont impliqués dans les services de santé mentale pour les jeunes.