Chapitre 3

Chapitre 3 : Les identités culturelles des participants en période de tensions

Dans le chapitre précédent, j’ai présenté une analyse des conditions et des processus des Séminaires transculturels qui permettent aux participants de se décentrer et d’envisager différentes perspectives sur les situations discutées lors des réunions. Le manuscrit s’est concentré sur les questions liées à la collaboration interprofessionnelle, par exemple, les différences culturelles en termes de professions et d’organisations, et a démontré comment la prise en compte de ces tensions a également contribué à l’amélioration de la compétence interculturelle des participants par rapport à d’autres types de différences culturelles, telles que celles associées aux groupes ethniques ou à d’autres communautés. Alors que les discours étudiés dans le chapitre précédent ont été recueillis lors des réunions du séminaire et des groupes de discussion, le chapitre suivant présente une analyse des récits des participants qui ont été exprimés dans un contexte plus intime lors d’entretiens individuels avec moi. Dans ce troisième chapitre, je me concentre sur l’expérience vécue des participants aux Séminaires, notamment les verbalisations de leurs identités culturelles et les affects et cognitions que les réunions ont invoqués. Le contexte de l’analyse est local et enraciné dans les questions de polarisation sociale telles qu’elles s’expriment à Montréal, Québec, Canada ; toutefois, les conclusions peuvent s’appliquer à d’autres contextes. Le manuscrit documente les avantages d’une approche par communauté de pratique, telle que les Séminaires transculturels, qui aident à soutenir les praticiens qui sont de plus en plus confrontés à des contextes sociaux tendus, y compris ceux liés aux identités culturelles et aux relations intercommunautaires. L’offre d’un espace suffisamment sécuritaire sur le plan culturel pendant les Séminaires permet d’aborder ces questions sensibles. De même, l’espace suffisamment sécuritaire sur le plan culturel des entrevues de recherche a permis le partage d’expériences difficiles, ce qui a permis d’identifier « les idées fausses et le souhait de réciprocité en matière de sécurité culturelle » comme un thème central de la formation interculturelle. Il est probable que ce partage ait eu lieu en raison de la proximité en termes d’identité culturelle entre l’intervieweur et l’interviewé. De plus, il est intéressant de noter que certaines de ces révélations concernaient des situations qui ont eu lieu lors de Séminaires transculturels ; donc, en présence de collègues concernés par ces questions. Cependant, ce résultat fait écho à ce qu’il m’a été donné d’expérimenter et d’observer en tant que chercheuse – des expériences personnelles d’altérisation en tant que femme et en tant que minorité ethnolinguistique – même parmi des experts en psychiatrie culturelle. Cela montre que personne n’est à l’abri d’être la cible de stéréotypes ou de discriminations ou d’en faire usage, y compris ceux qui travaillent dans le domaine de l’interculturalité.